Les Celliers de Landéan sont situés en Forêt à quelques centaines de mètres de l’agglomération (Coupe N° 13). Cette construction souterraine fut réalisée au XIIème sciècle par Raoul II, baron de Fougères, afin de mettre à l’abri ses richesses et les protéger lors des invasions anglo-normandes et ainsi les soustraire aux troupes d’Henri II d’Angleterre.
Dans l’ouvrage d’André Serrand et de Claude Graton, à la page 127 et 128, nous pouvons lire le compte-rendu de la visite des Celliers en 1841 par Prosper Mérimée, alors inspecteur des bâtiments historiques.
« Nous sommes allés visiter quelque chose qu’on nomme les Celliers de Landéan. Au milieu d’un bois, il y a un grand trou, dans ce trou une arcade et un peu de maçonnerie en larges briques, et sous cette arcade un trou noir avec beaucoup d’eau et de grenouilles. Suivant les uns, ce trou est l’ouverture d’un souterrain qui aboutit à Fougères à 10 kilomètres de Landéan, suivant les autres c’est une salle de bains romains, un balnéaire comme dit M. de Gerville. J’ai cru que le moment était venu de m’exterminer pour les monuments historiques, et j’ai acheté sans hésiter trois chandelles à Landéan pour la somme de 30 centimes, puis je me suis mis nu comme la main, sauf un gilet de flanelle pour la décence, puis j’ai franchi l’arcade, et je me suis trouvé dans trois pieds d’eau à la température de 8°, sous une voûte romaine en berceau, parfaitemant revêtue de ciment très fin, et renforcée par 11 arcs doubleaux. Cela a 15m sur 6, aucune autre ouverture que l’arcade étroite qui sert d’entrée. Vous dire à quoi cela servait, je ne puis. Les arcs doubleaux ne sont pas revêtus de ciment, comme ce devrait être le cas si cette salle avait servi de réservoir ; cela est bien certainement romain, mais pas le moindre vestige de construction à l’entour.
J’oubliais de vous dire qu’au milieu de la voûte il y a une espèce de soupirail carré, bouché aujourd’hui par des éboulements. Le sol paraît très exhaussé par du sable et des souches d’arbre, mais le fond de la salle est très profond. J’ai sondé avec une perche de sept pieds inutilement, et n’ai pas cru prudent de me mettre à la nage. Après avoir mesuré arcs et murailles, je suis revenu à la lumière transi et violet. Avant d’entrer, j’avais fait un testamentum militaire entre les mains de Constant, et j’envoyais mes dernières paroles à la commission. Vous voyez que ce ne sont pas les dernières. Je n’ai pas gagné de rhume, mais seulement une piqûre de quelque bête inconnue habitant ce repaire, qui m’a fait une ampoule à la cuisse gauche, laquelle sauf votre respect ressemble aujourd’hui à une colonne de l’ordre dorique de Poestum, aux cannelures près s’entend, je parle que de la grosseur. N’y aurait-il pas moyen de me procurer une indemnité pour cette enflure, et ma grandeur d’âme à me mettre à l’eau ? »
André SERRAND rapporte aussi qu’en 1795, un ingénieur écrit à son administration :
« Considérant que les anciens ouvrages connus sous le nom de celliers de Landéan, ne sont actuellement d’autre untilité, qu’ils peuvent même offrir une retraite dangereuse à des hommes mal intentionnés, est d’avis qu’il soit procédé à la démolition pour en extraire la quantité de pierres de tailles et autres matériaux. »
Heureusement, les Chouans en empêchent la destruction. En 1912, les Beaux-Arts décidèrent de restaurer et d’assainir cet ouvrage. Plus tard, un éclairage fut installé afin de permettre aux nombreux visiteurs de découvrir l’intérieur des Celliers au travers de la grille en fer forgé qui en ferme l’entrée. Les Celliers étant un lieu d’hibernation pour de nombreuses chauves-souris, l’éclairage est en fonctionnement uniquement de Mai à Septembre.