Eglise Saint Pierre et Saint Paul

Il est fait mention de cette église prieurale dès le XIIème siècle.

Le père Roger BLOT, prêtre du diocèse de Rennes chargé du patrimoine religieux, la décrit et en relate les principales étapes dans le document qui suit. Les églises de Landéan, de Mellé et du Ferré ont en commun la structure gothique “d’église-route” (avec autrefois un clocher-mur en façade), la mise en forme de croix à l’époque classique et la mise à nu à partir des années 40. Nous en ferons les trois piliers d’un itinéraire austère mais dense sur les marches de Bretagne, dans ce pays au-delà de Fougères qu’on appelait “le désert vert”.

Une fausse simplicité

L’église de Landéan doit probablement son patronage à l’abbaye St Pierre de Rillé qui y nomma des prieurs-recteurs du XIIème jusqu’à la Révolution (1). Comme adossée à la forêt de Fougères, elle paraît toute simple. Pourtant sur les six fenêtres ouvrant sur le sud, deux seulement sont d’origine et trois ont été réemployées (2). Les contreforts des côtés et la petite fenêtre près du baptistère se souviennent du temps (XIVème ou début XVème) où le clocher était encore en haut de nef. A la fin du XVIème fut refait le pignon ouest, peut-être roman, avec un clocher-mur caractéristique qu’on appelait au XVIIIème un “campanier”. Le mur sud de la nef peut dater du XVIème, ainsi que la superbe charpente à sept pans retenue par des tirants à engoulants (3). La vieille sacristie au nord du choeur était peut-être d’abord une chapelle seigneuriale du XVIIème. Un porche, converti en baptistère fin du XIXème, subsista jusqu’en 1950. L’église trouva un nouvel équilibre au début du XIXème : sacristie neuve vers 1805, clocher en bois et ardoises en 1826, coiffant peu élégamment le pignon ouest (sans mériter le terme d’affreux que lui donna Guillotin de Corson), mise en place de deux chapelles latérales terminées en 1833, en même temps que l’on consolidait le chevet. La chapelle nord et une partie de ce chevet furent faîtes avec les pierres de la vieille sacristie. Le mobilier du XVIIème est bien connu par un rapport de J.M. Thomas, recteur originaire du pays (en mairie), et celui du XIXème par le livre de la paroisse n°1, pour l’instant égaré. On trouve aussi des cartes postales… Le rétable Louis XVI était fort élégant et ses statues probablement d’origine. Des fonds baptismaux donnés au XVIIIème sont dans le jardin du presbytère. Les actuels datent des années 1840, de même que les cloches et les trois autels de marbre qui achevèrent les travaux d’agrandissement.

Un esprit cistercien

En 1950, fût engagée une “restauration” radicale. Le maire et l’abbé Placé s’adressèrent à H. Perrin, un enfant du pays (natif de Louvigné du désert) qui avait construit l’église Ste Thérèse de Rennes. On commença par refaire une magnifique voûte en châtaignier. Hélas, dès lors qu’on mis les murs à nu, l’ensemble ne cadrait plus du tout avec le caractère de simplicité primitive retrouvé par la vieille église (livre de paroisse n°2). Presque tout disparut, le retable “avec hésitation”, les deux petits “pitoyables”, toutes les boiseries, le chemin de croix, les confessionnaux, les stalles, la chaire… Il serait facile d’être sévère. C’était l’esprit du temps, entre guerre et concile. La politique de réhabilitation des rétables n’avait pas encore été engagée par les beaux-arts. Très typique de cette soif d’essentiel est la composition dessinée par H. Perrin pour le mur du chevet. Sous une croix de Pontmain (en fonte) encadrée par Pierre et Paul (4) peints en blanc, on avait simplement gravé ces mots “IL NOUS A AIMES”. Les trois autels, en granit, furent dessinés avec soin, ainsi que les portes, les confessionnaux, les stalles… Dans ce monde du gris il faut trouver le rouge, discret. Les vitraux très saturés et précieux de l’Atelier Mauméjean de Paris, avec leur dominante jaune, n’étaient déjà pas dans l’esprit des murs rejointoyés au ciment gris “à dos d’anguilles”. Quelques années plus tard, deux statues de bois de V. Bigot de Rennes, savoureuses, apportèrent un peu d’optimisme : une Ste Anne en petite vieille de la campagne et un jeune Joseph digne des “fêtes de la terre”.

(1) Maupilé faisait dériver Landéan du breton lan, territoire sacré et déan doyenné. Il croyait la paroisse antérieure aux invasions normandes. Les historiens actuels pensent plutôt à un dérivé de lande, lié au défrichage des forêts par les moines.

(2) Les fenêtres des chapelles viennent par exemple de la chapelle ST François en forêt de Fougères (1950). L’une est du XVème, l’Autre, sa copie du XIXème…

(3) Tirant ou entrait : poutres entre les sablières. Engoulant : extrémité de ces poutres en forme de têtes de crocodile.

(4) Neufs (en plâtre). Les autres statues s’étaient cassées dans la destruction du rétable.